Forts de trois albums à succès, publiés entre 1979 et 1981, et de plusieurs tubes ayant faits le tour du monde, Orchestral Manœuvres In The Dark (OMD) peut désormais s’attaquer à son album « de la maturité » comme disent les cons. Et en ces années 82/83, quelle meilleure opportunité pour un groupe de musique électronique que de faire ses preuves avec les nouveaux instruments tout juste mis à sa disposition, comme par exemple l’Emulator, l'un des premiers échantillonneurs ?
Stimulé par cette nouvelle technologie numérique, Andy McCluskey, auteur, compositeur, chanteur, bassiste et tête pensante du groupe prend les choses en main en pondant Dazzle Ships, album conceptuel et véritable hommage à ses maîtres de toujours, Kraftwerk. OMD a toujours plus ou moins lorgné sur eux, Electricity devait beaucoup sur le fond à Radioactivity par exemple. Cette fois-ci, l'hommage sera très appuyé. En effet, Dazzle Ships emprunte les recettes des maîtres allemands avec une vénération pour les machines, la technologie que nous utilisons tous les jours, le monde artificiel qui en découle sur nos vies et notre futur.
Pour Dazzle Ships, OMD utilise le sampling pour retraiter signaux bizarres venant de l’espace, l’horloge parlante, des jingles radio des pays de l’Est, poussant même le vice jusqu’à détourner une Dictée Magique et intégrer tout ça dans leurs chansons, nouvelles mais aussi anciennes, comme The Romance Of The Telescope, écrite depuis 1981. OMD rend encore hommage à Kraftwerk avec une pochette géométrique pour ce disque. Tout y était pour marcher.
Hélas, trop en avance sur son temps, trop bizarre, trop arty, trop peu commercial, malgré des hits comme Telegraph ou des chansons moins connues mais tout aussi bonnes, comme International, l’album sera massacré par la critique. A l’occasion de sa réédition en 2008, Andy déclarera que Paul Humphreys, son acolyte de toujours, ne lui avait pardonné cet album que tout récemment.
Les anciens grincheux écoutent Dazzle Ships différemment aujourd'hui, le trouvant audacieux, et plutôt brillant dans la discographie du groupe. N’empêche, cet échec cuisant faillit détruire OMD. Et en 1984, il fallait dans l’urgence le faire oublier en revenant aux fondements du duo, à savoir de la pop basique et instantanée. L’idée était bonne, sauf que le groupe allait larguer d’années en années ce qui avait fait son succès et son originalité : le tout électronique, en incluant de plus en plus de musiciens « organiques » et tuer OMD avant même la fin des années 80. The Human League eut le même parcours.
Les fans pouvaient largement pardonner l’originalité déconcertante de Dazzle Ships, pas la médiocrité musicale qui allait suivre.
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