DEPECHE MODE - CONSTRUCTION TIME AGAIN

01 - Love In Itself. 02 - More Than A Party. 03 - Pipeline. 04 - Everything Counts. 05 - Two Minute Warning. 06 - Shame. 07 - The Landscape Is Changing. 08 - Told You So. 09 - And Then. 10 - Everything Counts (reprise).

A Broken Frame n’a pas marché lourd et son style boiteux d’ado dépressif s’est fait éreinter par les critiques en Angleterre bien que les concerts affichent toujours complets. Même le fait que le trio soit redevenu quatuor, par l’introduction d’Alan Wilder, recruté par une petite annonce mi 82, ne fit sourciller les journalistes. Pour eux, en cette année 1983, Depeche Mode était un groupe mort et un reflet du passé, ce passé qu’ils portaient aux nues auparavant et qu’ils s’échinaient à détruire désormais comme s’ils en avaient honte.

Soyons honnêtes! Martin Gore a beau s’affirmer en tant que compositeur prolifique, jamais il n’aurait pu sauver Depeche Mode du naufrage sans Alan. Musicien confirmé et bête de studio, il poussera le groupe, avec le producteur Daniel Miller, à investir dans les machines, en particulier les premiers samplers de l'époque, les fameux Fairlight et autres Emulator. D'ailleurs, OMD faisat de même à la même période. Construction Time Again sera l’aboutissement de cette modernité numérique.
Malgré tout, l’album se montre parfois trop riches de ces sonorités samplées, comme si Depeche Mode, tels de vrais gosses tout contents de frimer leurs copains, avaient voulu nous montrer à tout prix les possibilités de leurs nouveaux jouets, Construction Time Again est l’album du virage. On largue les ritournelles ridicules façon The Meaning Of Love pour quelque chose de dur et d’industriel. Les Allemands, qui ne se sont jamais vraiment remis de Kraftwerk et ne se sentent plus pisser dès qu'ils entendent un bruit de tôle, feront un triomphe à cet album sidérurgique alors qu’en France et en Angleterre, il sera descendu en flamme.


Les dernières séquelles de leur pop pour puceaux se retrouvent dans Love In Itself mais le reste est très mature. More Than A Party file à 100 à l'heure, Pipeline ose le morceau expérimental, métallique au possible et anti pop. Martin continue ses allusions politiques, résultantt de la découverte du monde en tournée et constatant qu'il y a toujours plus malheureux que soi. Alan signe deux chansons, The Landscape Is Changing, complainte écolo assez risible sur le plan des paroles, et Two Minute Warning.
Enfin, Everything Counts, qui fermera de nombreux concerts des Mode par la suite, sonne sur le plan du fond comme le digne successeur de Money des Pink Floyd. Le spectre du retour à la vie civile s'éloigne, Depeche Mode respire, même si ce sont pour l'instant des vapeurs de métal en fusion. Le meilleur est à venir.

Notons pour finir le léger lien entre la pochette de A Broken Frame, avec la paysanne russe à la faucille, et celle de Construction Time Again et son ouvrier au marteau qui attirera quelques ennuis aux Mode, les faisant passer pour des communistes, hérésie suprême dans l'Angleterre de Thatcher... Les cons ont besoin d'étiquettes.

1 commentaire:

  1. Hello !
    J'ai lu avec intérêt ton sujet, toujours aussi extra, j'ai appris des choses, c'est enrichissant, merci à toi !
    J'adore "Everything Counts" bien sur, le tube de l'album.
    Ce côté métallique, très synthétique et froid me manquent aujourd'hui dans les nouveaux albums mais ils ont évolué et c'est tout à fait normal. ;-)

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