Chapitre 1 : le maillot de bain
C’est quand même un élément essentiel de la panoplie de vacances. On ne badine pas avec le maillot de bain. On se prépare longtemps à l’avance psychologiquement et physiquement.
On a acheté tous les Elle et Marie-Claire, Maxi et Femme Actuelle depuis le mois d’avril pour savoir quelles seront les tendances. On a vu des trucs ahurissants de génialitude et on se dit que là, on va franchement marquer les esprits sur la plage !
C’est donc d’un pas conquérant qu’on se dirige vers le magasin pour mettre la main sur les merveilles vues dans le journal.
À l’arrivée, une marée humaine de bonnes femmes campe déjà sur les lieux et surtout occupe les cabines. La gueule des rayons fait plaisir à voir. Tout est foutu en vrac et remis à la beurzoufette. No problemo, Margaux, tu vas trouver ton bonheur si tu fais du 85A de poitrine et du 56 de culotte au moment d’acheter ton bikini. Tu te dis que tu t’en fous puisque le bikini est proscrit forbidden vu que tu as un peu abusé du mix liégeois au chocolat/Savane et donc tu vas plutôt zoomer sur les maillots une pièce.
Au premier abord, c’est d’un œil circonspect que tu compares tes souvenirs de magazines et ce que tu as sous les yeux. C’était chatoyant, mauve ou rose, échancré et décolleté jusqu’aux orteils. Mais ça c’est dans le magazine, parce que ce que tu vois là, c’est un ravissant coloris bleu canard qui aurait copulé avec un Schtroumpf constipé, c’est échancré très loin sous la fesse, le devant est renforcé et plissé pour faire oublier qu’une part des plis vient de cet empaffé de Savane et le décolleté est fièrement projeté en avant par les armatures qui ont dû être extraites des corsets de la reine Victoria. En résumé, tu pensais attendre 87 ans avant de faire fondre ta gaine devant une création aussi audacieuse. Tu passes donc au suivant. Et le suivant, ben ….tu le cherches…avant d’apercevoir un morceau jaune fluo (1988 quoi merde!) qui est planqué tout au fond de la rangée de maillots pour fans de Jack Lantier. Et là, tu sens un formidable sentiment de toute-puissance s’emparer de tout ton être. Une grel---grogras---radass---fille a cru pouvoir planquer cette beauté et revenir plus tard le montrer à sa copine avant d’acheter hein ? Que nenni, Virginie ! Va te faire lutiner les fraises, Thérèse ! Ton plan a échoué !
Bon ! Affolons-nous pas ! On va chercher un peu et trouver le reste de la collection qui nous attend sagement en taille 44.
On se dirige donc vers les cabines qui sentent la belette en rut 300 mètres avant d’y arriver et on fait la queue et on attend…dans une chaleur de four, avec des chiards qui courent en hurlant et qu’on a envie d’empaler avec le cintre à poussière et on attend. A croire que les bonnes femmes dans les cabines essaient la totalité de la garde-robe de Lady Di…. Enfin, une cabine se libère et on se rue. Et on manque de mourir sous les odeurs de pieds et de « parfum que c’est le même que la marque mais je l’ai acheté au marché pour moitié prix ». On lâche son sac pour chercher fébrilement un kleenex à dépiauter pour se mettre des chandelles dans le nez mais on doit se rendre à l’évidence, on a utilisé le dernier kleenex pour se boucher les oreilles dans la file d’attente.
Ainsi donc…rouge brique grâce à la chaleur, en nage, les cheveux qui collent au front et le mascara qui poisse, des bouts de kleenex dans le nez, on se met en sous-vêtements (putain mais y’a un trou dans ma culotte) et on enfile le merveilleux maillot.
Enfin ….
J'adore; raconté avec humour, je ne m'en lasse pas !
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